La grande Mosquée de Cordoue (la Mezquita de Cordoue)

:: Elle aussi appelée Santa Iglesia Catedral de Córdoba, est une ancienne mosquée, un des monuments majeurs de l'architecture islamique. Elle est connue dans le monde entier et est le monument le plus accompli de l'art des Omeyyades de Cordoue. Elle est transformée en église après la Reconquista, puis en cathédrale. C'est aujourd'hui l'eglise principale du diocèse de Cordoue.

:: Commencée en 785 sur l'ordre d'Abd al-Rahman Ier, elle connaîtra de nombreuses adjonctions, en particulier sous Abd al-Rahman II (833-852), al-Hakam (961-976) et al-Mansur en 987. Selon des sources historiques, elle aurait été bâtie sur une ancienne église chrétienne, qui fut tout d'abord, comme le veut la tradition, séparée en deux pour célébrer les deux cultes, puis rachetée entièrement aux chrétiens et arasée. Son plan se divise en une cour rectangulaire entourée d'un portique et plantée d'orangers. S'ajoute une salle de prière (haram) en photo à gauche qui finira par comporter jusqu'à 600 colonnes, formant une véritable forêt s'étendant à perte de vue, et couvrant 1,5 ha !
:: La mosquée balance entre tradition et innovation et est marquée par l'architecture antérieure, tant Islamique que locale. On sait en effet qu'Abd al-Rahman, le rescapé du massacre, restait très nostalgique de sa Syrie d'origine et qu'il tentait de recréer dans sa terre d'exil le faste de Damas. Ainsi importa t-il, par exemple, des fleurs et des arbres syriens pour ses jardins. Cette influence se retrouve dans la grande mosquée de Cordoue, au travers, notamment, du toit charpenté. Mais les bâtiments locaux, précurseurs des édifices arabes ont également eu une ascendance sensible : arcs en fer à cheval, colonnes en marbre bleu et rose avec leurs chapiteaux qui proviennent de palais antiques ou Wisigothiques abandonnés.
:: D'un autre côté, d'importantes innovations ont été réalisées dans cet édifice. C'est ainsi que pour modifier les colonnes wisigothiques, bien plus petites et plus fines que les colonnes syriennes, les architectes ont imaginé une colonnade à deux étages d'arcs. Une disposition qui confère au monument une incroyable légèreté, renforcée par le décor sobre des arcs, qui joue sur la polychromie entre les briques rouges et la pierre blanche.

La Mosquée

:: Lorsque les musulmans s’établirent à Cordoue, ils rachètent le terrain de l’église St Vincent, non loin du Guadalquivir. L’émir Abd-Ar-Rahman Ier ordonne d’y faire construire à la place une mosquée. Elle fut agrandie trois fois de suite par ses successeurs, pour finir par couvrir 23 000 m2 et devenir ainsi la plus grande mosquée du monde après celle de La Mecque. Cette mosquée n’est pas orientée par rapport à la Mecque. Elle se présente aujourd’hui sous la forme d’un vaste quadrilatère d’environ 180 m de long sur 130 m de large, comptant 19 nefs et plus de 850 colonnes surmontées par des chapiteaux différents.
:: L’édifice initial, commencé en 785 par Abd Ar Rahman Ier comprenait une cour carrée, le patio de los naranjos ou cour des orangers entourée d’un mur d’enceinte et sur laquelle s’ouvrait complètement la salle de prière, de forme rectangulaire, composée de 11 nefs, chacune ayant 12 travées, disposées face à la cour. Ces nefs étaient séparées par de fines colonnes de marbre provenant d’édifices romains ou wisigoths. Accolé au mur d’enceinte à l’opposé de la salle de prière, se trouve le minaret. Hisham Ier fit réaliser plusieurs aménagements intérieurs (des galeries destinées aux femmes qui venaient prier et un bassin d’ablutions). La longueur des travées fut à peu près doublée par Abd al-Rahman II en 848 et allongée une dernière fois par Al-Hakam II en 961. À chaque fois, le mihrab, placé au fond de l’allée principale dut être reconstruit. L’actuel, monté avec l’aide d’artistes byzantins, est une énorme coupole monolithique en marbre blanc superbement décorée.
En 987, Al Mansour voulut augmenter encore la surface de la salle, mais la proximité du fleuve empêcha de poursuivre l’allongement des onze travées initiales dans la même direction : on ajouta donc vers l’est, sur toute la longueur de l’édifice, huit travées supplémentaires qui en doublèrent presque la surface et mirent le mirhab dans une position excentrée.
:: La mosquée de Cordoue possédait alors plus de 600 colonnes en marbre, prises sur des monuments antiques de toutes provenances, sur lesquelles reposent des arcades doubles en brique et pierre blanche (superposées l’une à l’autre avec un espacement intermédiaire) qui permettent d’avoir un plafond haut, et donnent à l’édifice une impression de légèreté.

La Cathédrale

:: Lorsque Cordoue fut prise par les chrétiens en 1236, ceux-ci en firent une église puis une cathédrale. Ils murèrent l’ouverture entre la cour et la salle de prière, ne conservant qu’une porte d’entrée (Puerta de las Palmas). Ils abattirent quelques rangs de colonnes pour dégager la place de la Chapelle Royale décorée de stucs mudéjars. Ils divisèrent également la dernière travée à d’Al Mansour, à l’est, pour y délimiter des chapelles.
:: Au XVIe siècle, les chanoines du chapitre décidèrent de doter leur cité d’un édifice beaucoup plus somptueux et dans le goût du jour. Ils firent démolir une partit,e importante du centre de l’édifice pour y monter une cathédrale qui apparaît comme incrustée dans la mosquée, rompant les perspectives de la forêt de colonnes. Ce monument allie les styles gothique, renaissance et baroque et est magnifiquement décorée, mais on peut regretter (comme Charles Quint le fit) qu’on ait partiellement défiguré l’exceptionnel édifice construit par les musulmans.
:: Les musulmans d’Espagne on demandé en 2006 l’autorisation au Pape de l’église catholique de pouvoir prier dans la cathédrale, qui fut autrefois la grande mosquée, et aujourd’hui patrimoine mondial. Cette autorisation leur a été refusée par la voie de l’évêque de Cordoue.