Mardi 20 mars - autour de Hoa Binh (73kms)

Pas grand chose à raconter de cette première journée dans cette campagne nord-vietnamienne sinon qu’elle est attirante, verdoyante, diversifiée avec quantité de cultures  même si le riz irrigué est la principale d’entre elles.

Avant le départ, le « chef » prend justement la décision de faire une photo de groupe. Nous sommes beaux, lustrés, polis, les filles pas pommadées mais presque. Bref, de beaux spécimens de cyclos de l’ouest, prêts à faire admirer leurs « gambettes »  aux autochtones qui sûr, savent ce qu’est la bicyclette (ils en possèdent même si la moto s’est ingérée dans tous les déplacements.), mais pas un engin à dérailleurs...
Rien à raconter? Si justement, beaucoup à dire car la « Ferme du Colvert » est en rase campagne sur un chemin de terre et il a plu sérieusement durant la nuit. Nos « montures » rutilantes, décrassées sont très rapidement mises dans le bain (de boue). Une épaisse gangue s’accumule autour de toutes les parties mécaniques et quand nous retouvons le goudron, quelques kilomètres plus loin, ils sont méconnaissables, eux-mêmes ne se reconnaissent pas tellement leur allure a changé.

Parmi les premières curiosités, l’habitation de style néo-colonial, assez étroite,deux étages et un toit : type pigeonnier, les buffles que nous retrouvons comme en Chine, mais aussi les bornes kilométriques, survivance de l’ère coloniale. on les retrouve sur toutes les routes comme nous les connaissions encore voici une vingtaine d’années sur nos départementales (seule, la couleur change : ici, leur calotte est bleue) ou nationales. Ceci ne manque pas d’interêt car nous savons toujours où nous sommes.

Nous nous retouvons tous à midi pour le premier repas « extra muros » et celui-ci ne manque pas de piment puisque nous pique-niquons dans une maison locale de bon goût où la toiture nous attire : : un entrelas de poutres et chevrons montrant déjà le niveau des artisans locaux quand il s’agit de jouer avec le bois. Si un singe en cage attire vite notre regard, nous le sommes encore plus par la jeune fille qui le fait manger : ses cheveux s’allongent largement jusqu’au niveau de ses genoux : nous en trouverons ainsi pas mal dans le pays. Le retour par le même marché autour duquel nous nous étions détendus la veille, est toujours aussi truculent : la bouchère et la marchande de poisson ne manquent pas de saveur tandis qu’en parallèle, les plus pauvres (comme en Chine, existe une très basse classe qui survit tout de même) fouillent dans les ordures qui jonchent partout le sol, désagréable au regard mais faisant partie du spectacle.

Peu avant, sur un chemin détourné qui rejoint un groupe d’habitations, dans le ruisseau qui le longe, des hommes travaillent sans s’occuper de nous ou presque. On les voit remuer la vase, la terre, l’eau à la recherche...d’une pépite car en fait, ce sont des orpailleurs en plein labeur. Mouillés jusqu’au os, les pieds dans cette sorte de vase, inlassablement, ils observent, trient...et parfois récupèrent un minuscule morceau du métal tant recherché. Les moyens sont rudimentaires mais au bout du compte, quelques dongs rentrent dans leur escarcelle.

Au retour, vu leur état, les vélos ont droit au Karcher. Ceci ne les arrange pas forcément mais leur donne une allure beaucoup plus convenable tandis que la soirée commence plus tôt par un spectacle folklorique de bon ton préparé par les minorités locales (dont les Muong) en grande tenue. Seule, la sono connait quelques défaillances...

Tous, sommes conviés à la fin, à la « Danse des bambous » qu’il convient d’enjamber alors que les gongs (éléments capitaux des spectacles locaux, l’avaient ouvert.)

C’est ensuite un succulent repas préparé par Freddy, breton d’origine avec des nems ( je ne vous dis que ça), cochon grillé...de quoi récupérer de la journée même si elle n’eût rien de difficile.

Christian ASPE