Samedi 24 mars jusqu’à Haïphong

Il nous avait été dit que la traversée à bicyclette des grandes villes Vietnamiennes relevait du plus succulent folklore. Et bien, le croirez-vous, on était encore loin de la vérité et paradoxalement, la tension s’éleva, le taux d’adrénaline monta quand nous nous sommes rapprochés du centre de Haïphong, ce samedi soir là vers 18 heures tandis que tout le monde était dehors tant à moto qu’à vélo lourdement chargé d’objets souvent très hétéroclites, tandis que camions (souvent des semis) ou véhicules personnels (on en trouve au Vietnam mais en moins grand nombre qu’en Chine) se mêlaient au « défilé ».

Et nous, pauvres cyclos très à l’aise sur les routes de campagne mais pris d’agoraphobie dans ce mélange souvent croustillant, il ne nous resta qu’à surveiller tout ce qui bougeait et principalement, le copain de devant afin de ne pas perdre le groupe, ce qui aurait été la pire des choses même si d’évidence, nos autochtones de guides nous auraient retrouvés.

Je n’irai pas jusqu’à dire que les sueurs froides s’emparaient de notre corps mais pas loin. Au fil des hectomètres, on constata encore que la vitesse augmentait pour finir sur les chapeaux de roue, lorsque, dernier virage à droite, nous arrivions à l’hôtel, les vélos allant directement au sous-sol surveillé de près par les gardiens de service. Ouf!

On peut imaginer qu’un film sur notre évolution aurait amusé bon nombre de spectateurs.

Mais avant d’arriver à Haïphong, la route a été longue. Pratiquement, 150 bornes proches de la mer, mais point de mer. Par contre et toujours des rizières. Quand nous prenons une route en construction, nous sommes surpris par le travail des femmes qui triment comme les hommes, chargeant du caillou d’un côté pour le déposer de l’autre.

Manifestement, la condition féminine n’est guère plus agréable qu’en Chine et les exemples sont nombreux qui le prouvent...La pelle ne leur fait pas peur ici, le balai ailleurs (quand elles ne portent pas des charges plus lourdes qu’elles). Il nous faut encore traverser par bac, des bras du fleuve Rouge.

Tiens, un moteur poussif possède le label : Iso 2001, quelle surprise...ce d’autant que tout d’un coup, il s’arrête, le bac se mettant à dériver tandis que le pilote, fort justement, commence à s’affoler. On ne sait trop comment, tout d’un coup, il repart et nous atteignons l’autre rive. Ce sera ensuite un pont flottant (en terme militaire, un pont du génie tel que mon père en construisit sur le Rhin durant son service militaire)...

Quelques gâteries avant un nouveau bac : un gâteau entouré dans une feuille de banane qui, s’il n’a pas fière allure, affiche un goût fort agréable. Nicole l’apprécie, Babette ne dit rien mais enfourne en se léchant les babines. La suite, vous la connaissez mais dites-vous que les chasseurs d’image pas plutôt rentrés dans l’hôtel, en sortent vite, pour immortaliser les scènes de rue dont ils sont avides et il faut dire que le festin dans ce domaine, est quasi permanent.

Christian ASPE