Dimanche 25 mars la baie d'Ha-Long

Nous ne roulerons aujourd’hui que durant la matinée parce qu’après...

C’est l’un des moments forts, surnaturel, irréaliste qui nous attend! Nous partons en croisière, non pas sur des...pédalos mais de vrais bateaux, tous du même type qui attendent midi pour prendre en charge, les touristes qui se multiplient là à grand renfort de cars, arrivent nickel, d’une propreté éclatante tandis que nous serons d’une saleté...repoussante.

Préalablement, nous avons mis dans un sac, le nécessaire de nuit, de toilette et de bain : important, ce dernier! (les autres bagages étant transportés directement à Hanoï)

Tôt, mais c’est une habitude, nous avons enfourché notre monture presque nette. Peu de souillures rappellent que la progression fut parfois digne du...cyclo-cross.

La traversée (suite) de Haïphong à cette heure matinale, ne ressemble en rien à la veille même si déjà, beaucoup de monde est dehors. Le grand pont suspendu au-dessus du Fleuve Rouge n’est pas désert mais la circulation y est limpide. Toujours un temps brouillardeux, le soleil ayant du mal à percer même aux heures les plus chaudes et nous sommes toujours confinés dans cette atmosphère humide et collante.

Tout aurait bien pu se passer si quelques kilomètres en réfection sur la nationale, ne nous étaient dévolus. Et là, un nouveau miracle s’opéra, on s’en serait passé. Des vêtements boueux grâce aux projections de la roue arrière, aux souliers terreux en passant par une bicyclette d’une nouvelle couleur, tout y était pour nous compliquer la vie : nous étions indignes d’une promenade en bateau et pourtant...

La bruine qui se mit à tomber à intervalles presque réguliers, s’ajouta pour accentuer notre répugnance. Nous passons quelques bras avec de nouveaux bacs, admirons en bord de route, les présentations d’ananas et visiblement les touristes mais aussi les autochtones, en cette saison, en font une grande consommation.

Au loin, la ville de Halong city se dessine avec quelques tours bien à l’envers des constructions traditionnelles. Ici, nous arrivons dans un repaire à touristes venus du monde entier.

Face à l’embarcadère, un gardien de deux roues est le bienvenu, car il possède justement, un karcher sous lequel passera tout notre parc afin de lui donner des allures convenables tandis que directement, il va rejoindre Hué, quelques six cents kilomètres plus au sud.

La première semaine de vélo est terminée.

Une fille du coin, marchande de fruits , nous voyant, traverse ventre à terre. Bien lui en prend : elle vide en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ses deux paniers : mandarines, mangues... tout disparaît. Heureuse de sa manoeuvre, elle se laisse photographier sous tous les angles.

C’est ensuite, l’embarquement mais...nous sommes toujours aussi sales et au lieu de pouvoir très vite nous doucher, on nous met à table tandis que le bateau quitte le port à grands coups d’étrave sur la coque des autres, rentrés au millimètre. Apéritif de bienvenue, mets de qualité et vin de Da Lat mais aussi d’Europe occidentale (Français et Italien), parfait pour les fruits de mer. Enfin, nous retrouvons une couleur conforme après une douche dans une salle de bain dépouillée mais si utile...Le tube de douche me reste dans les mains. En « bidouillant » il remplira tout de même son office. Nous glissons entre les « pains de sucre » qui s’alignent là, dans la mer.

Finalement, le brouillard ne constitue pas une gène, même si l’horizon est limité. Nous avons l’impression d’une «invincible armada » qui tente de forcer les passages. Bref, le rêve tout éveillé. Quelques formes fantasmagoriques se détachent, nous passons auprès de villages de pêcheurs qui vivent sur l’eau tandis que des marchands (des femmes, le plus souvent) tentent de vendre qui boisson, qui souvenir.

Dans l’un des multiples îlots, nous visitons une grotte calcaire sèche aux concrétions souvent étonnantes. Puis superbe vue sur la baie depuis le haut du rocher dominant, et repos jusqu’au repas partagé entre l’admiration du site mais aussi somnolence, car à vrai dire, ce voyage mené grand train laisse des traces.

Donc, nouveau repas sympathique et retrouvailles sur le bateau d’à-côté après avoir enjambé les ponts car ce diable de Dédé (qui ne s’en était pas vanté) après Nicole, sa moitié, fête un an de plus, anniversaire que l’encadrement local veut inoubliable : gâteau, bougies et tord-boyaux au menu. Quelques chants (locaux) donnent encore plus de charme à cette fin de journée. (Tiens, pas un air entonné par les cyclos : à croire qu’ils ne savent pas pousser le La...dommage!)

Après avoir réintégré nos cabines, c’est l’endormissement quoique certains bercés par les générateurs, n’apprécient guère et préfèrent même changer de lieu (Notre ami Michel, proche des moteurs, jugeant la situation délicate, va récupérer...sur le pont même). Nous avons dans ce domaine, un peu de chance et ce n’est qu’au lever du jour, c’est à dire autour de 5 heures 30, que nous allons humer l’air...d’une nouvelle journée en croisière!

Christian ASPE