Lundi 2 avril : dure journée jusqu'à Pleiku (180 km)

Après cet interlude, un nouvel épisode cycliste est au menu, particulièrement musclé, celui-là car sur 180 kilomètres sous une chaleur, une nouvelle fois, accablante, il va nous conduire sur les hauts plateaux  de la chaîne Annamitique, après une série de cols.

Pour tout dire, plusieurs variantes sont proposées, les choix dictant la conduite de chacun. Un groupe a décidé de faire tout à bicyclette, un autre partira aux alentours du 50° km afin d’éviter la plaine, d’autres s’arrêteront au sommet du dernier col. S’il est clair que je ne serai pas du premier, je verrai en fonction de l’usure liée à la chaleur, la conduite à tenir ensuite.. C’est par contre la partie en plaine, celle que nous faisons en car qui est la plus sympathique (pour les photographes toujours aux aguets).

Déjà la circulation nous procure très vite, quelques surprises, notre car obligé de freiner voire de stopper pour...traversée de bestiaux et principalement de bovidés qui sans s’affoler ont décidé d’aller brouter de l’autre côté de la chaussée. Ici, personne ne se formalise et attend.

Puis, ce sont quelques exploits de chauffeurs qui amènent du piment, obligés en face de prendre la piste cyclable pour laisser la route à celui qui a franchi la bande blanche sans s’affoler. On commence à reconnaître le Manioc séchant à même la chaussée comme il en sera plus loin du riz, et même de la paille de riz et du foin destiné à l’alimentation des bestiaux. (En zone musulmane, nous dit-on, on ne trouve plus de porcs mais des chèvres).

Quelques vieux camions transportent à l’usine, de la canne à sucre. Quelques kapokiers sont plantés proches de la route.

La première rampe se présente, le premier col, le soleil est haut et frappe sec si bien qu’au sommet, le petit magasin est pris d’assaut. Le thé au melon s’avale sans respirer .. Le col An Khé est digéré. Encore quelques kilomètres pour manger avec une halte pastèque/mandarines fort appréciée. Le col Mang Yang qui suit la recharge en calories, en fait dépenser plus d’une. S’il attaque gentiment, doucement, il s’élève fort tout d’un coup après un virage à droite. L’arrivée au sommet est une véritable délivrance. Si certains avaient déjà abdiqué, d’autres arrêtent là et j’en fais partie car la route des hauts plateaux sur laquelle nous sommes, est sans grand intérêt. Même pas une photo à se mettre sous la dent!

Il faut atteindre les plantations d’hévéas qui produisent le caoutchouc (tandis que dans la région, on trouve encore des eucalyptus) pour que la curiosité s’empare à nouveau de nous, ce d’autant qu’en face, nous en découvrons une de poivriers et de caféiers : nouveau pour nous qui n’avons pas ces arbres sous nos latitudes. Nous essayons de parler avec les gens du coin qui nous regardent comme bêtes rares même s’ils se laissent « mettre dans la boite » avec le sourire.. Le poivre (vert ou noir) sèche devant les maisons sur des toiles exposées au plein soleil. Il fait pratiquement nuit lorsque nous atteignons Pleiku dont on fait le tour plein de creux et de bosses (non prévues au programme)

Christian ASPE