Mercredi 4 avril : jusqu'à Da-Lat (70 km le matin à vélo puis 200 km de bus)

Dernière journée sur les hauts plateaux. Demain, on redescendra vers la mer, mais une journée diablement sympathique pendant laquelle au moins, le matin, le numérique s’en donne à coeur joie. La route n’est pas des plus difficiles malgré quelques bosses ou petits cols sous une chaleur toujours aussi éprouvante.

Déjà une trentaine de kilomètres avalés quand apparaît la première maison sur pilotis peu avant le lac Lak pas loin duquel les Cham ont laissé l’une de leurs oeuvres. La circulation est presque nulle en ces lieux sinon  quelques paysans à bicyclette, la majorité d’entre eux flânant à pied tout au long de la route que les cochons traversent tranquillement quand nous passons devant un hameau sur pilotis qui nous livre quelques uns de ses secrets.  Une vieille dame fume la pipe (je lui donne 80 ans mais son faciès usé certainement par une longue vie de travail peut être trompeur.)

Après la halte repas prolongée, c’est le car qui nous conduit vers Da Lat dans un paysage sobre où la pauvreté des habitants, des minorités chinoises pour leur majorité est évidente. Mais nous sommes toutefois surpris car au milieu de cette précarité, la moto et l’antenne parabolique ont place. Une dame encore jeune couverte de poussière et de noir de charbon, transporte sur son dos depuis on ne sait où, un fagot partiellement carbonisé (et issu très certainement d’une plantation d’hévéas arrachés à coup de bull . Il faut savoir que cet arbre vu le rendement qu’on lui demande, s’il pousse vite, ne vit pas longtemps, une dizaine d’années selon le guide. Il est ensuite épuisé), certainement destiné à la cuisine. L’intérieur de l’habitation est presque vide sinon dans un angle, une sorte de paillasse. Sur le pas de la porte, une poignée d’enfants au regard interrogateur, nous observent. Le plus jeune encore bébé est vite attrapé par sa maman? qui se dépêche de lui couvrir les fesses en nous regardant avec un joli sourire.

On est dans la région des pisteurs Banars aux techniques de chasse ancestrales...Mais nous n’en avons pas vu un seul en action. Surprise tout de même car dans cette zone où la densité de population est très faible, quelques tracteurs prouvent que les progrès vont dans les lieux les plus reculés.

Au fur et à mesure que l’on se rapproche de Da Lat, la nature change complètement et nous rentrons dans une zone d’agriculture riche. Les maraîchers y sont légion sous un climat favorable. Nous sommes à 1500 mètres d’altitude et la température, devenue convenable, permet  toutes productions : salades, tomates sont en nombre mais on trouve tous les légumes tant ici que sur les marchés (nous le verrons demain).Côté fruitiers : bananiers, pêchers et pommiers.

Ici, on produit aussi quantité de fleurs dont roses et glaïeuls qui sont ensuite vendues sur les marchés tant à Hanoï qu’à Ho Chi Minh City.

Même la vigne a ici pignon sur rue et le vin de Da Lat s’est fait une réputation au moins pour certains crus et celui marqué « export »  rouge, est de très bonne qualité pouvant jouer avec quelques uns de nos AOC. Les blancs sont aussi corrects.

La journée étant avancée, dès l’arrivée dans la ville, nous sommes orientés vers la cathédrale de style pseudo-Roman (construite entre 1931 et 1942). Elle est éclairée par des vitraux de la maison Balmet de Grenoble. Si elle a place dans le patrimoine local, force est d’admettre  qu’elle est bien loin des constructions de même style ou style voisin et en bon chauvin, je ne citerai que Saint Sernin à Toulouse ou encore toutes ces petites églises de village de nos contreforts Pyrénéens. Comme l’office se déroule, il nous est demandé avec la plus grande courtoisie, de ne pas pénétrer. Nous observons seulement de l’extérieur : c’est suffisant tandis que la plus belle image est sans conteste, le coucher de soleil sur la ville.

Après quoi, nous prenons possession de nos chambres d’hôtel dont les meubles une nouvelle fois, donnent de grosses envies malgré leur couleur très sombre. Peut-être gagneraient-ils avec des teintes moins denses, le chêne clair par exemple, mais les bois utilisés, le permettent-ils?

Christian ASPE