Dimanche 8 avril : déjà Ho Chi Minh (Saïgon)

Il ne reste plus qu’une centaine de kilomètres à faire et c’en sera fini de notre périple à bicyclette, quelques 1400 kilomètres  (arrondis à l’euro supérieur!) tandis que les plus vaillants ont juste dépassé les 1500, l’étape de Hauts Plateaux faisant la différence.

Aussi, nous avons l’esprit triste même si le soleil continue à embellir les lieux. Ce ne sera pas une étape marquante. Seuls, les marais salants où le travail se fait manuellement, des marchands de crabes dont les pinces ont été ligaturées, essaient encore d’écouler leur pêche, mais rien d’autre de bien original dans une nature que nous avons pris un plaisir énorme à côtoyer. Dernier repas sur la route, les brumisateurs fonctionnent, ultime bac pour traversée d’un bras du Mékong,  il est déjà temps aussitôt après, de démonter les vélos, de les remettre dans les housses. Ils nous seront portés à l’aéroport dans 72 heures. A partir de maintenant, nous devenons des touristes communs, du « vulgaris touristus » qui ne se déplace qu’en bus, frémit s’il doit marcher quelques minutes, évite les sourires de peur de prendre quelques rides, ne dit pas bonjour pour éviter toute fatigue et les français dans ce domaine, ne sont pas plus subtils que d’autres...

Les français...sauf nous dont la philosophie est bien différente, reconnaissons-le en toute humilité! Le problème, c’est que les réponses sont rares mais tout ceci est finalement sans le moindre intérêt.

L’hôtel est atteint, les passeports une Nième fois récupérés par l’accueil mais là je me pose des questions. Tandis qu’en Chine, ils ne nous avaient été jamais demandés sinon une seule fois à Shanghaï, où tout finit par mal tourner avec menace d’appel de l’ambassade de France (quelques grincements de dents de l’hôtesse d’accueil ont mis fin au problème), ici, c’est tous les jours qu’on a droit à cette « cérémonie » alors que le passeport est votre propriété personnelle et celle de l’état français et de personne d’autre. Quiconque, donc, ne peut le conserver à votre place. Que serait-il arrivé si le document grâce à des gens bien intentionnés, avait disparu durant la nuit?

Selon les règles internationales, une simple photocopie suffit. Ce problème est à méditer, à solutionner car il peut conduire à des complications lourdes. Je pense que dans ce domaine, on a été trop gentil même si en me faisant l’avocat du diable, j’admets que les personnes que nous avions face à nous, n’avaient aucun intérêt à jouer avec le feu...Allez, problème oublié.

Rapide tour du quartier et principalement du marché à deux pas. Des bagages-cabine sont repérés. Bernard, Michel et nous-mêmes, en avons besoin. Mardi soir, ils seront à nous pour un prix modique après bien sûr négociation en Anglais, en Français, notre ami Bernard, ancien militaire habitué à bourlinguer, étant dans ce secteur, le plus actif du groupe.

Nous sommes une nouvelle fois conviés à prendre notre repas dans l’un des plus grands ensembles de la ville en bord de fleuve. Peut-être, 2000 couverts sont servis, ce soir là entre mariages et touristes déversés par des successions de car, les tables étant bien évidemment réservées. Un spectacle folklorique est compris dans le...menu. Marcel est là, en bonne forme, semble-t-il! Il mange de bon appétit, converse avec dynamisme et nous le quittons joyeux avant de nous coucher. C’est la dernière fois que nous appréhenderons son regard, son sourire. Nous ne reverrons plus Marcel.

Christian ASPE